Voici dix ans que son fils est mort, il avait quatre ans et demi.
Pour la première fois depuis ce jour quelques moments passent sans
qu’elle pense à lui. Alors, pour empêcher l’oubli, ou pour l’accomplir,
aussi bien, elle essaie d’écrire l’histoire de Tom, l’histoire de la
mort de Tom, elle essaie de s’y retrouver. Tom qui est devenu mort, Tom à
qui on ne pense plus qu’en sachant qu’il est mort. Elle raconte les
premières heures, les premiers jours, et les heures et les jours d’avant
pareillement, comme s’il fallait tout se remémorer, elle fouille sans
relâche, elle veut décrire le plus précisément et le plus profondément
possible, pas tant les circonstances de la mort de Tom que ce qui a
précédé, que ce qui s’en est suivi, la souffrance, le passage par la
folie, et le fantôme de son enfant. Le plus concrètement aussi parce
que, c’est sûr, la vérité gît dans les détails. C’est la raison pour
laquelle ce texte qui devrait être insoutenable et qui va si loin dans
l’interrogation de la douleur est si convaincant, si proche.
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